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Channel: Commentaires sur : Warren Buffett et Bill Miller : chance, talent ou autre chose ?
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Par : Sympathisant

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Georges, je veux compléter votre texte sur quatre points :
– la notion de risque
– la capacité des individus en question à “savoir mieux que le marché”
– l’existence d’effets d’annonce pour favoriser leurs rendements supérieurs
– l’importance du business d’assureur de Berskhire Hathaway

Un préambule : je connais peu Bill Miller; en revanche, j’admire beaucoup Warren Buffet, et suis attentif à ce qu’il fait et ce qu’on dit de lui depuis des décennies.

1 La notion de risque
Le risque, tel qu’il est en général mesuré par les zélateurs de l’efficience des marchés, se définit comme la variance des retours économiques sur une valeur investie. Pour augmenter le risque, il suffit de s’endetter un peu plus.
La notion de risque que vous évoquez (qui va acheter des actions d’une société condamnée ?) est quelque chose de non mesurable, et qui ne peut être lié aux études empiriques utilisant la notion de risque.
Par ailleurs, investir dans GS à ce moment-là était certes un risque à priori accru, pour lequel le prêteur veut un retour élevé; mais ce qui a facilité la capacité de WB est qu’il a pu obtenir de GS des conditions favorables pour cet investissement, qui n’étaient sans doute pas disponible pour des tiers. Et GS l’a accepté pas parce que cela les sauvait d’une faillite programmée, mais parce que la confiance de WB a entraîné le regain de confiance de la communauté financière, et par voie de conséquence a permis à GS de rebondir sur son marché avec une vigueur renouvelée. WB a vendu non seulement de l’argent, mais aussi et surtout l’effet d’entraînement que sa confiance à lui avait sur les autres investisseurs et clients possibles de GS. (c’est une instance et une variante particulières de l’effet d’annonce
évoqué au point 3.

2 La capacité à savoir mieux que le marché
Depuis longtemps la réputation de WB lui donne accès à “qui il veut” pour échanger des informations et se former une opinion précise sur ce dans quoi ou sur quoi il pourrait intervenir. Y-compris des gens très importants et typiquement inaccessibles, comme précisément les patrons de GS et les fonctionnaires aux commandes de la politique économique des Etat-Unis et d’autres grandes nations.

Alors, oui, je crois que WB sait mieux que le marché.

Les théories sur les marchés efficients supposent qu’il suffit qu’une seule personne soit au courant, et que cette personne agisse sur le marché pour provoquer une contagion, à la hausse ou à la baisse. Ces théories ne valent que ce qu’elles valent, c’est à dire que leurs hypothèses. Si la somme qu’une telle personne qui “saurait” est trop faible, cette somme ne va pas affecter le marché; si cette personne est moins pêchue que WB et a effectivement des liens avec GS / la cible, elle peut s’inquiéter d’éventuelles conséquences judiciaires au chapitre “délit d’initié”, etc …

3 l’effet d’annonce
Depuis que GS a la réputation qu’on lui connaît, le monde de la finance se peuple de “Omahalogues”, qui sont à l’affût de ce que le sage du Nebraska a décidé de faire, et surtout de ce qu’il a commencé de faire. Pour l’imiter.
Cela a pour conséquence que si Berkshire Hathaway prend des positions sur quelque chose, et est imité, la tendance qu’elle aura anticipée sera magnifiée, par le seul fait que c’est BH qu’il a initié cette tendance. C’est ce que font les créateurs de mode. WB le fait avec génie. Même s’il ne peut pas l’avouer, et doit se montrer d’une grande prudence dans ses communications à la presse, délit d’initié oblige.
Cela ne retire rien à sa prescience à imaginer ce qui serait sous ou sur-évalué. Mais cela réduit considérablement le temps nécessaire pour voir réaliser les plus-values latentes … et donc le retour sur investissement.
Cet effet aurait été particulièrement marqué lors de la “grande spéculation” sur la livre sterling
en Septembre 92. En quelques semaines WB a risqué 10B$ et gagné 2B$ en prenant des positions contre la livre sterling, et en s’assurant que cela se savait.

4 BH est un assureur
Last but not least.

BH est un assureur pas comme les autres. En effet, il prend des positions de réassurance, par exemple sur l’occurrence d’un ouragan dans le sud est des Etats-Unis. Et il prend en même temps des positions longues dans des business qui bénéficierait directement du passage de tels ouragans. Sociétés de service, fournisseurs de produits de première nécessité avec une logistique dans la région.

Il a longtemps été le seul à le faire. Et cette position de “réassureur + investisseur intelligent” est tellement unique que cela lui offre des opportunités d’arbitrage, quand les deux marchés ne se prennent pas suffisamment l’un l’autre en compte.

Un dernier point : dans les années 80, la chanson à la mode sur le campus de l’Université de Chicago était un pastiche au titre évocateur : “nothing matters in this world”. Pour tourner en dérision la propension du corps enseignant à professer que les marchés sont efficients, et tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.


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